dimanche, septembre 27, 2009

Norvège : 3ème partie, Randonnée, Oslo

5ème jour

Départ à 9 heures sous le vent mais avec des éclaircies. Pour la deuxième randonnée du voyage nous descendons dans les gorges en longeant un lac puis un second. Les chemins sont et seront toute la journée très techniques, peut être encore plus que la veille : nombreux passages boueux, dalles rocheuses et glissantes, passages à gué, etc.





Le deuxième lac est charmant, on s'y baignerait presque. La maisonnette colorée sur la berge et qui se reflète dans l'eau noire et lisse est une image de carte postale. Des bouts de ciel bleu et quelques rayons de soleil mettent de la vie dans cette vallée.






Le chemin remonte et nous passons par un boyau taillé dans la roche, en surplomb du vide. Heureusement le chemin est assez large et sécurisé par une main courante. Aucun danger, donc, ouf ! Les gorges se succèdent avec des vides impressionnants et de beaux torrents aux eaux noires et vertes.






Historiquement ce sentier, qui nous semble déjà difficile à randonner malgré nos équipements (chaussures adaptées, bâtons de marche), était le seul itinéraire pour joindre le hameau d'Østerbø à la ville la plus proche. Au XIXème, les habitants devaient l'emprunter par tout temps, été comme hiver, pour se rendre en ville. Il est difficile d'imaginer les expéditions et les risques que devaient représenter de tels trajets en portant un cercueil (pendant longtemps le cimetière le plus proche était "à la ville") ou un couffin (pour les baptêmes)...





6ème jour

De bon matin nous quittons le refuge pour retrouver Flåm, blottie au fond d'un Fjord. De là un train touristique couvre en une heure les 20 kms jusque Myrdal où on retrouvera la ligne régulière Bergen-Oslo.

Ces quelques kms mythiques construits entre 1923 et 1947 enchaînent passages vertigineux à flanc de roche et belles vues sur plusieurs vallées. La plupart des vingt tunnels ont dû être creusés à la main, l'accès étant trop difficile pour les engins motorisés. Et toujours dans le paysage ces maisons colorées, ces prairies et ces cascades, dont certaines atteignent plusieurs centaines de mètres de haut.





Un peu avant la destination, le train s'arrête au bord de l'énorme cascade "Kjosfoss". Pause photo rapide et on enchaine avec la ligne régulière vers Oslo dans une sorte de TGV de très bon confort. 15 minutes après le départ, nous passons sur un plateau, et la voie longe un lac bordé de glaciers... très impressionnants.





Et nous voilà en fin d'après-midi à arpenter les rues d'Oslo. L'artère principale piétonne "Karl Johann gate" relie la cathédrale (fermée, en travaux) au palais royal. Nous passons successivement par le marché aux fleurs, le parlement, le théâtre national, et la mairie, dont l'architecture massive en briques foncées rappelle, par exemple, l'ancienne usine réhabilitée en Tate Modern à Londres.






Nos pas nous amènent à la National Gallery 40 minutes avant la fermeture. C'est peu mais le musée est gratuit et de taille raisonnable, alors... En passant rapidement dans les salles de peintres locaux pas forcément à notre goût, on a un peu de temps pour admirer quelques merveilles... Une salle entière de tableaux de Munch, dont une version du fameux cri.

A voir également le célèbre Madame Zborowska de Modigliani, Madame Mette en robe du soir de Gauguin, ou l'auto portrait de Van Gogh. Une fort belle collection ! On note également des oeuvres intéressantes d'artistes locaux : Erik Werenskiold, Gerhard Munthe ou Asta Nørregaard.

Après un rapide dîner, nous flanons vers le port et les ancien docks récemment réhabilités. C'est en fait toute une zone moderne et vivante qui s'étale le long des quais. Aux terrasses des restaurants locaux (poisson, cuisine régionale) et internationaux (TGI Frifay's), une foule mélangée d'habitants d'Oslo et de touristes apprécie la bière qui coule à flots ou un dîner tardif.

C'est très animé sans être "attrape touriste", vraiment agréable. On se promet un bon restaurant de poisson ici le lendemain soir. Mais il se fait tard, déjà...



dimanche, septembre 20, 2009

Norvège : 2ème partie, Fjord et randonnée

3ème jour

Une partie de cette journée sera consacrée à une mini croisière dans le plus long fjord de Norvège. Une première navette s'enfonce dans le Sognefjord à toute allure. Il fait bien froid sur le pont et il fait gris : l'eau est gris foncé, le ciel gris clair, la forêt vert sombre et on glisse dans un monde sans couleurs, on navigue en noir et blanc.

Puis nous changeons d'esquif pour une sorte de Ferry beaucoup plus lent et avec plus de place en extérieur. C'est dans le Nærøyfjord que nous continuons, étroit, encaissé et, éclairé par un soleil timide, le paysage devient impressionnant. Nous sommes sur la mer, mais entourés de montagnes aux neiges éternelles.






De temps en temps une maison colorée ou un petit village entouré de verdure. Quelques éclaircies permettent de belles photos. La température s'adoucit au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans le fjord. On fait la course avec un paquebot de croisière. Des cascades vertigineuses ponctuent la ligne douce des forêts.






En fin d'après midi nous atteignons le fond du Fjord et le petit port de Gudvangen. Changement de moyen de locomotion, c'est maintenant un petit bus et des routes pittoresques. Les tunnels interminables (parfois plus de 10 kms de long) alternent avec les vallées encaissées. On passe à côté de Flåm, où nous reviendrons dans quelques jours.





Notre hébergement pour les trois nuits suivantes : un refuge de montagne dans le hameau d'Østerbø, 820 mètres d'altitude. Ce sera le point de départ de deux grosses randonnées. L'auberge est au bord d'un grand lac, certaines maisons aux alentours ont des toitures végétalisées. La construction de ces couvertures vertes semble simple : un plastique isolant épais posé sur une toiture en tôle ondulée, de la terre et des graminées locales.

Hors de question d'aller passer la tondeuse sur le toit. C'est donc un tapis d'herbes sauvages de 30 cm de haut qui couvre la maison. Les avantages thermiques sont évidents : la couverture de terre et végétaux est un excellent isolant en hiver et apporte de la fraîcheur en été.





4ème jour

Le lendemain matin, l'objectif est d'atteindre les hauts plateaux qui surplombent le lac. Il faut commencer par monter sur le versant à l'ombre de la rivière, dans les bois. Le soleil et le ciel bleu disparaissent pour laisser place à un ciel de traîne qui nous couvrira toute la journée, la pluie nous épargnant toutefois.

Le sol de tourbière est spongieux et on doit passer à gué de nombreux petits ruisseaux d'eau claire pour continuer de gravir une succession de plateaux de plus en plus élevés. Première étape et beau paysage lorsque nous atteignons un groupe d'anciennes cabanes de bergers proche d'une cascade (pas très haute mais gros débit). Il faut la traverser par un pont de bois suspendu au dessus du torrent bouillonnant : sensations garanties !






Sur ces plateaux la végétaion est rase, mais riche de fleurs et lichens divers. Au pied des maisonnettes un champ de linaigrettes égaye le paysage de pompons blancs. On se croirait au beau milieu du jeu Flower !





Il faut encore monter pour atteindre des neiges éternelles (à 1400 mètres seulement...) et admirer une grande cascade à plusieurs étages. Le débit de l'eau est énorme déjà, mais au printemps, à la fonte des neiges, il doit être encore 2 à 3 fois plus important...

Nous déjeunons a l'abris de quelques rochers. Il fait bien froid, peut être à peine 14°.






La grimpette continue pour atteindre le sommet et longer un duo de grands lacs surplombés de névés. Au bord de l'eau la neige est épaisse et compactée en glace, comme un mini glacier. L'eau est noire et inquiétante. Qu'elle doit être froide !! Certains s'essayent même à une bataille de boules de neige, sans grand succès tant la neige est gelée et dure.

Le chemin des crêtes est marqué par des cairns. Notre route croise deux chasseurs : sac à dos, fusil à l'épaule, ils vont aller camper dans la montagne pour être aux premières places de l'ouverture de la saison de la chasse au Renne, le lendemain.






Le retour est aussi technique. Gués, rochers glissants, mousses spongieuses où le pied s'enfonce parfois jusque la cheville. Nous sommes finalement de retour au gîte en fin d'après midi. 600 mètres de dénivelé à monter et descendre, c'était une bonne journée !!

samedi, septembre 12, 2009

Norvège : 1ère partie, Bergen

Pour la première partie de ces vacances d'été, nous avons voulu chercher le frais (fuir la canicule et les 35° à Paris), sans aller trop loin. Pas de long courrier, pas de décalage horaire, ainsi était le "cahier des charges".

Petit à petit une destination s'est imposée : la Norvège. Proche et offrant surtout un mélange de ville et de nature qui semblait équilibré. Aucun souci à prévoir au niveau hygiène, délinquance, etc, il s'agit d'un des pays les plus riches et les plus sûrs d'Europe.

1er jour

Juste après le 15 août nous nous envolons donc vers Bergen, la deuxième ville du pays, avec à peine plus de 250,000 habitants. C'est petit, donc, mais historiquement important. L'avion atterrit sous des trombes d'eau ! Heureusement que nos sacs de voyages sont étanches, certains ont déjà leurs affaires humides, leurs valises en toile détrempées lors du court séjour sur le tarmac.

Nous avons toutefois de la chance. Le temps de s'installer dans une auberge de jeunesse en centre-ville et les averses s'espacent. Il va être possible de faire une première promenade entre les gouttes. Le centre touristique est essentiellement composé d'un alignement de maisons traditionnelles et de leurs entrepôts, le long du port.





Plus loin, la résidence fortifié Rosenkrantztarnet est le plus grand bâtiment médiéval en pierre de Norvège (1261 à 1560). Un donjon et une église, faits de roches noires locales, sont connectés par un long hall couvert, aux murs blancs de chaux, qui abrita le mariage du fils du roi Hakonsson au XIIIème siècle.






Dès que l'on s'éloigne des quelques rues "à touristes", la ville est calme et belle. Peu de grands immeubles, surtout des maisons de 2 à 4 étages, toutes magnifiquement entretenues, aux ravalements et aux jardinets impeccables.





Après un roboratif dîner dans une brasserie traditionnelle (décor germanisant, saumon frais, morue), nous revenons à l'auberge et son ascenseur antique, pas forcément très rassurant (mis en service en 1936 comme le certificat en atteste !).





2ème jour

Notre guide nous emmène en promenade sur la montage qui surplombe le centre-ville. Les touristes et les locaux utilisent un funiculaire particulièrement à pic pour se rendre sur ce plateau boisé. De multiples chemins le sillonnent et permettent un footing, une promenade, ou du ski de fond l'hiver. Un véritable poumon vert pour les citadins de Bergen.

Afin de mieux apprécier le charme des quartiers résidentiels et de prendre le temps de sentir la ville, nous montons à pied. Une fois passée la gare du funiculaire Fløibanen, il n'y a plus que nous pour apprécier ces ruelles aux maisons colorées. Les plus traditionnelles sont en bois, au bardage spécialement étudié pour laisser filer la pluie qui tombe ici une bonne partie de l'année.







Puis le chemin passe dans la forêt et devient petit à petit plus agréable, avec de jolis sous-bois en mousse. Au passage, on passe par une grande "girouette" en métal qui indique le sens du vent pour toute la ville. On s'arrête pour déjeuner au bord d'un lac au bel effet "miroir" tant la météo est sereine aujourd'hui.






Alors qu'une partie du groupe décide de poursuivre l'exploration des chemins sur le plateau, nous préférons redescendre en admirant la vue panoramique sur la cité. En effet, une visite guidée du musée de la Ligue Hanséatique est possible en début d'après midi et il ne faut pas louper cette chance d'en savoir plus sur l'histoire de ces vieilles maisons.





Le guide est un norvégien au français excellent. Il fait juste quelques fautes mignonnes en glissant du coté de l'anglais lorsque le français et l'anglais se ressemblent. Il dira ainsi "apprentice" au lieu de "apprenti". Il nous conte alors la surprenante histoire de ces comptoirs de commerce allemands qui étaient très puissants du XII au XVIIème siècles.






Ces maisons sont classées patrimoine de l'humanité Unesco pour leur valeur démonstrative du mode de vie ici vers 1300. En effet, bien qu'elles aient été reconstruites vers 1700, suite à un des nombreux incendies qui ont ravagé la ville, ce travail a été fait à l'identique de ce qui existait auparavant (plan, technique de construction, aménagement intérieur, mobilier...).

Cette portion du port, ce groupe de maisons en bois et d'entrepôts, était une "ville dans la ville". Ne vivaient ici que des marchands allemands et uniquement des hommes. L'autorité norvégienne s'arrêtait aux portes de la guilde, ce qui n'était pas sans poser problème. De nombreux cas de femmes norvégiennes violées par ces hommes seuls ont été déplorés, à tel point qu'un système de prime avait été mis en place pour encourager la délation entre allemands et tenter de rétablir l'ordre.

Une hiérarchie stricte séparait les différentes étapes du parcours d'un marchand. Apprenti tout d'abord, puis contre-maître et enfin maître. Ces strates de société se retrouvent dans l'architecture même des maisons. Ainsi les apprentis devaient coucher dans des lits-clos sombres et fermés de l'extérieur (pour éviter les escapades nocturnes), alors que le maître disposait d'une belle chambre individuelle parée de tentures et tableaux. Le contre-maître avait la lourde tâche de veiller sur la discipline parmi les apprentis, tout en bénéficiant d'un confort intermédiaire.

Les marchands commerçaient surtout du poisson (morue séchée, hareng), du bois et ces routes maritimes ont ainsi prospéré jusqu'au XVIIème siècle avant de péricliter. Les comptoirs ferment alors peu à peu.






Nous sacrifions à la tradition touristique locale : pour dîner nous dégustons un fish & chips et une assiette de saumon directement sur le port. Puis, étant donné que le jour s'étire ici jusque tard dans la soirée, nous continuons de découvrir cette ville un peu au hasard. La faculté, une église derrière le nouveau port, puis un quartier plein de charme se dessine. Ruelles aux formes alambiquées, maisonnettes colorées, devantures fleuries.

Les maisons sont historiques ou neuves, mais toujours très bien entretenues et décorées avec ce goût "design" célèbre dans le nord de l'Europe. Il faut vraiment prendre le temps de marcher et de sentir cette ambiance calme, détendue qui se dégage de ces quartiers. Les boutiques ferment vers 18h, la ville semble assoupie, comme dans un rêve...