vendredi, octobre 31, 2008

Pérou (p2)

10 août : Chincheros

Après ces jours d'acclimatation à l'altitude, à Cuzco, nous partons enfin à l'aventure... Au programme 7 jours de "trek" avec 6 heures de marche par jour et les nuits en campement. J'ai du mal à imaginer ce qui m'attend, aussi c'est un véritable défi afin que ces vacances ne soient pas uniquement un pays visité de plus, mais aussi une expérience intimement riche.

Parti en bus aux aurores, le groupe fait une courte halte dans un marché afin que notre cuisinier puisse se ravitailler en produits frais pour les jours à venir. On y trouve tous les ingrédients locaux : citrons, un nombre incalculable de variétés de pommes de terre, manioc, viande, ainsi que les produits indispensables importés comme le riz, etc. Les étals sont très propres et malgré l'absence de système de réfrigération, je ne note aucune mauvaise odeur, signe de la fraîcheur des produits.






Dans la rue principale, des "taxis" sont à disposition, en fait des triporteurs assemblés à partir de vieux vélos-moteurs. De belles gerbes de céréales attendent leur acheteur. Les patios des maisons sont colorés et chaleureux.





Le bus nous dépose un peu plus tard au départ du chemin de randonnée et la grande marche commence. La magnificence des paysages est immédiate le long de la lagune de Huaypo. Au bord du lac, miroir naturel des monts alentours et du ciel bleu, un cultivateur travaille son champ. La méthode est archaïque, venue du fin fond des âges alors que l'homme apprivoisait tout juste l'élevage. Deux boeufs, un soc en bois et beaucoup d'opiniâtreté pour retourner la terre sèche et froide.





En s'éloignant du lac, les hameaux sont construits en adobe, cette brique faite de terre argileuse mélangée à de la paille et séchée au soleil. L'adobe a de nombreuses qualités : peu coûteuse, elle est solide et optimale du point de vue thermique (elle conserve la chaleur en hiver et le frais en été, tout en laissant l'habitat respirer). Pourtant, en ville, les parpaings et le béton ont remplacé ce matériau traditionnel qui reste symbole de pauvreté.





La marche continue jusqu'aux portes de la petite ville de Chincheros, à flanc de colline, dont on aperçoit déjà la belle église coloniale.






Chincheros est connu pour son grand marché traditionnel où s'échangent couleurs, étoffes, laines. Les marchands sont en habit traditionnel avec le chapeau rouge typique de la région ; l'ambiance est festive. Chaque dimanche, cette grande place est un lieu de rencontres entre les nombreuses communautés des campagnes.

Si l'on vient tôt le matin, on peut voir se pratiquer le troc comme au temps des incas. Le commerce ne se fait alors plus sur la base de prix et de monnaie, mais sur des échanges calculés en fonction des poids, des volumes, des qualités, avec souvent comme référence le volume de feuilles de coca.






Un peu plus haut dans le village, l'église est construite sur un plateau qui domine un ensemble de terrasses d'agriculture inca, seul vestige du palais de l'Inca Tupac Yupanqui qui se dressait autrefois dans cette ville.






Une petite marche facile de Chincheros jusqu'au campement au bord de la lagune de Piuray permet de longer cette belle église à demi abandonnée. Bonne surprise, les tentes sont déjà installées ! Dans la lumière du soir les nuages s'assombrissent au dessus du lac.






11 août : Uchuycosqo

La journée démarre par un court transit en moyen de transport local. En fait... un camion rustique, genre transport de bétail, quoi ! Cela nous permet de gravir sans effort quelque 800 mètres avant d'entamer à pied le reste de la montée vers un col à 4300 mètres.






Les 520 mètres de dénivelé restant commencent par une montée douce dans un paysage de plus en plus lunaire. Sur les pentes, là où les herbes poussent encore, des troupeaux de Lamas ou d'Alpagas broutent. Le sentier sillonne ensuite dans un large cirque montagneux. Ces sommets noirs et menaçants bordés de terre rouge m'impressionnent.






Les rares zones cultivables sont encore plus arides que près des lacs, l'hiver et les basses températures transforment la terre en pierre, gelée et dure. Dès le printemps le climat va s'humidifier et les pommes de terres pousseront facilement ici, à plus de 4000 mètres. Dans le lointain les sommets de la cordillère Urubamba, avec leurs neiges éternelles, culminent à près de 6000 mètres.





La pente douce devient montée vertigineuse et le passage du col est éreintant. Sur la fin chaque pas coûte. Le manque d'oxygène vient s'ajouter au manque d'entrainement. Après une courte pause au sommet, la descente vers la vallée sacrée commence et, depuis les hauteurs, on découvre le site inca de Uchuycosqo ; quelques terrasses, des ruines et sur la plus haute terrasse, les petites tentes rouges de notre campement.

Pouvait-t-on rêver d'un site plus incroyable pour passer la nuit ? Le ciel est dégagé, l'air est sec et clair. C'est magique et bien mérité.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

L'impression de repartir, de revivre les émotions fortes vécues lors de ce voyage. Merci. A