lundi, septembre 22, 2008

Pérou (p1)

Deux semaines au Pérou. Un voyage de rêve pour tous les français de mon âge, bercés par Esteban, Zia et les Mystérieuses Cités D'or, souvenir récemment ravivé par l'émission Pékin Express dans la cordillère des Andes. Le voyagiste "Terres d'Aventure" sera l'organisateur de ce périple, un voyage en dehors des sentiers battus, dans l'ensemble bien loin des hordes de touristes.

8 août : Cuzco

Le trajet jusque Cuzco, antique capitale de l'empire inca, est épuisant. Le bout du monde ! Paris-Caracas, Caraccas-Lima, Lima-Cuzco. 3 vols, 4 aéroports, 6 embarquements ou débarquements... ouch !

C'est donc avec un plaisir immense que l'on découvre le très bel hôtel "Royal Inca Cuzco", de style colonial, avec ses balcons, patios, son barbier, sur une petite place traditionnelle flanquée d'arcades. Le drapeau de Cuzco flotte, aux couleurs de l'arc en ciel.







Le temps des présentations avec le guide et c'est une première visite dans la ville. La plazza de armas (place d'armes) tout à côté de l'hôtel est le point de départ de la découverte. Au temps des incas, c'était ici le "centre du monde", point névralgique de l'Empire, d'où partaient les 4 chemins incas vers les 4 provinces : Chinchaysuyu (partie de Chinca, au nord-outes), Antisuu (partie des Andes, à l'est), Condesuyu (partie des Condes, au sud-ouest) et Collasuyu (partie des Collas, au sud).

Deux grands lieux de culte catholique s'élèvent depuis l'époque coloniale sur les ruines de la cité inca. La Cathédrale (XVIIème) d'abord, dont l'intérieur baroque propose de nombreux autels aux figures ambiguës, mélanges de christianisation et d'images païennes. Ainsi une Cène où le décor représente des mets, des animaux et des symboles andins, ou encore un Christ noir à la morphologie typiquement paysanne, et dont la légende dit que sa procession mit fin au grand séisme de 1650.






Toujours place d'armes se dresse un autre joyau d'architecture baroque : l'église de la Compagnie de Jésus (XVIIème). Et partout en ville des croix, des clochers, en témoignage de la grande ferveur que les jésuites espagnols ont réussi à implanter de force au coeur du peuple andin.





Il ne reste que peu de choses de la grande capitale inca, tant l'envahisseur colonial a détruit, pillé le patrimoine autochtone pour reconstruire ensuite. Partout les bâtisses s'appuient sur de solides murs d'architecture inca, comme on peut tout particulièrement le voir dans les quelques portions de chemins précoloniaux qui partent de la place d'armes.





Perdu dans les soubassements d'un couvent, les vestiges du temple du soleil de Cuzco, qui était probablement le lieu le plus saint de tout l'empire inca, sont aujourd'hui réduits à quelques salles vides et tristes. Une reproduction en or d'une grande fresque inca, d'après les croquis des premiers colons, détaille les thèmes classiques de la religion andine : le soleil, la lune, la terre nourricière, les constellations, la croix du sud, le puma sacré, etc.






En fin d'après-midi et en soirée c'est quartier libre. La ville est chaleureuse et accueillante. De nombreux petits restaurants proposent une ambiance conviviale et des plats locaux. Les soupes (tomate, pomme de terre, quinoa) sont excellentes, ainsi que les plats de poisson (truite, perche, cuite ou crue au citron "ceviche"). Plus étrange, le cochon d'Inde rôti...

Ville touristique par excellence, la mendicité est présente partout. Des musiciens jouent des airs à la guitare ou des jeunes femmes posent pour la photo en costume traditionnel contre un sol ou deux (la monnaie péruvienne, 1 € = 4 nuevo soles environ).





9 août : 4 sites inca

Départ de bonne heure pour 4 visites autour de Cuzco. Tout d'abord c'est le grand site inca de Sacsahuaman. Le style architectural inca impérial est majestueux. De chaque côté d'une grande plaine deux collines se font face. La première intrigue par son dos rond de pierres râpées et striées. Ces marques laissées en des temps préhistoriques par un glacier ont dû impressionner les incas également : le mur d'enceinte nous indique que c'était pour eux un lieu sacré.





En face ce sont les ruines d'une forteresse, avec de lourdes murailles et plusieurs niveaux en terrasse. Les blocs de pierre dont certains atteignent 9 mètres de haut pour plus de 300 tonnes sont ajustés sur leurs multiples facettes de sorte qu'on ne peut même pas y glisser une lame de couteau...

Ces assemblages aux formes irrégulières et aux surfaces bombées, outre leur esthétisme certain, sont parfaitement anti-sismiques ! La région est régulièrement secouée de grands séismes qui détruisent les villes, mais ces constructions du XVème ne bougent pas, elles.

Les pierres sont viennent d'une carrière toute proche, leur transport et leur mise en place n'a donc pas dû poser de problème particulier. La qualité de leur taille, par contre... relève du défi.






Le temps d'un saut de puce en autobus et c'est la découverte du site de Tambomachay. Egalement appelé "bain de la princesse", ou "bain de l'inca", le lieu consiste en une fontaine entourée de quelques constructions de style inca impérial, à flanc de colline. L'hiver est une saison sèche et dans ces régions montagneuses, à plus de 3700 mètres d'altitude, la gestion de l'eau était de première importance pour les incas.

Nous verrons que sur chacun des sites visités, ils étaient parvenus à capter une source afin d'avoir des bassins cérémoniaux comme celui-ci, et d'irriguer les terrasses d'agriculture. L'eau de Tambomachay reste par contre un mystère pour les géologues modernes : malgré de nombreuses recherches, il n'a pas été possible d'en situer la source.





Troisième visite, Quenko est un lieu de culte du XVème siècle, fait de multiples autels, galeries, pierres sacrées. A l'époque coloniale, les conquistadors avaient remarqué que les indiens continuaient en secret leurs rites dans les autels cachés de cette montagne. En représailles, et pour mettre fin aux rites andins, ils enfouirent l'ensemble du site sous 3 mètres de terre. La re-découverte du lieu ne date de 1934.

Dans une caverne étroite un autel cérémoniel est taillé directement dans la pierre, avec la traditionnelle forme à trois niveaux, qui symbolisent les trois mondes de la religion andine : "le monde d'en-haut" (ciel / condor / étoiles), "le monde d'ici" (humains / puma), "le monde d'en-bas" (terre-mère / serpent).

Un grand monolithe de 5 mètres de haut est sacralisé par une enceinte de style inca Impérial. Certaines pierres autour de ce bloc sont placées de manière très particulière, et pourraient fonctionner ensemble comme un observatoire astronomique.






Enfin, dernière visite, Pucapucara est un poste de garde et d'observation sur le chemin inca qui va de Cuzco à Pisaq. Littéralement "la forteresse rouge", c'est un bon exemple de point de passage obligé où les fonctionnaires de l'empire contrôlaient les passages de / vers la capitale Cuzco et prélevaient les taxes.

Il est temps de se séparer de cette belle vue sur la vallée pour rentrer à pied vers Cuzco. On progresse un moment sur un chemin inca. L'empire était équipé d'un vaste réseau routier de grande qualité (plus de 25,000 kms de voies), ponctué tous les 10 kms de tambos, sortes de gîtes d'étapes, ce qui permettait des communications rapides et sûres entre la capitale et les provinces. Tragiquement, la conquête espagnole fut grandement facilitée par cet aménagement du territoire...






Et re-voici Cuzco, vu depuis une colline tout d'abord, puis en traversant les quartiers périphériques, plus pauvres et typiques d'un pays en voie de développement. La société de consommation prend rapidement le pas sur les traditions, et déjà les murs en briques sont recouverts de publicités peintes.






Enfin, c'est par des petites rues pentues que nous rejoignons le quartier colonial San Blas, aux portes bleues et aux multiples balcons, avant de passer une autre soirée dans cette charmante petite ville.





Aucun commentaire: