dimanche, février 22, 2009

Retour au Japon : Nara

Début Janvier, cela faisait 18 mois que j'étais rentré du Japon, et c'est avec un immense plaisir que je suis reparti pour deux semaines de vacances à Tokyo. Retrouver l'ambiance électrique de la mégalopole, revoir de nombreux amis, goûter de nouveau à toutes les subtilités de la cuisine locale...

Mais avant cela, le voyage commence par une excursion plus touristique dans le Japon ancien. Nara se situe à 35 kms au sud de Kyoto et a été la première capitale sédentaire du pays de 710 à 784.

A la fin de la période Nara, les moines étaient devenus si puissants qu'ils commençaient à convoiter le trône impérial. L'empereur Kammu préféra alors s'éloigner de ces dangers et fonda une nouvelle capitale à Kyoto. Le centre de l'empire resta alors stable jusqu'à ce que l'empereur Meiji installe sa cour à Tokyo en 1868.

Restée en marge du développement industriel des grandes villes, Nara est devenu une petite bourgade (370 000 habitants) au passé très chargé en Histoire. Beaucoup de touristes ne prennent pas la peine de venir jusqu'ici, préférant se concentrer sur Kyoto tout proche.

En effet, Nara est plus austère et moins facile d'accès que les autres grands sites culturels au Japon que sont Kyoto ou Nikko. Son intérêt est pourtant double : c'est un trésor de calme et de sérénité avec son immense parc loin des foules, et c'est un fabuleux témoignage de l'arrivée du bouddhisme au Japon.

Au centre historique de la ville l'immense parc Nara-koen (500 hectares) est connu pour les mille cerfs qui peuplent son sous-bois et assurent une tonte parfaite de ces dizaines d'hectares de pelouses ! Un petit Ryokan sera notre point de chute pour une nuit, en plein coeur de la forêt.





Le chef d'oeuvre du parc et pour beaucoup le symbole de Nara est le temple Todai-ji (classé patrimoine de l'humanité). Erigé en 745 par l'empereur Shomu, il avait pour objectif d'asseoir le pouvoir impérial. Pur acte de mégalomanie sa construction dura quinze années et reste aujourd'hui, malgré la reconstruction à l'échelle 2/3 en 1709, le plus vaste édifice en bois au monde.

L'entrée du sanctuaire se fait par la monumentale porte sud Nandai-mon, reconstruite au 13ème siècle et gardée par deux immenses dieux-gardiens en bois, de plus de 7 mètres chacun.





On découvre alors les cornes dorées du Daibutsu-den, l'immense bâtiment qui abrite l'image de Buddah. Après avoir allumé un peu d'encens pour attirer les bons augures des dieux, on peut faire le tour de la grande cour carrée. Le jardin est paré d'arbres, tous taillés à la perfection.






A l'intérieur, deux statues de Buddah rayonnent de beauté et de calme. La plus grande a été coulée en 752 et malgré les multiples incendies, réparations, reconstructions partielles, elle reste une des plus hautes et plus belles représentations de Buddah au Japon. C'est aussi la pus grande statue en bronze du pays, avec 15 mètres de haut.

Le très célèbre grand Buddah de Kamakura (11 mètres) a été érigé en 1252 pour concurrencer celui-ci, sans toutefois parvenir à le surpasser. La taille de la statue est autant une gageure que celle du bâtiment qui la protège. Le défi n'a d'ailleurs pas été relevé à Kamakura où le bronze se retrouve finalement à l'extérieur, en prise avec les éléments...





En continuant sur les hauteurs derrière Todai-ji, leux temples jumeaux Nigatsu-do et Sangatsu-do offrent au regard de nombreux et beaux détails d'architecture. Le second est le plus ancien bâtiment de Nara, érigé en 729. Que de finesse dans ces accumulations de lanternes, de plaques de prières, et quelle puissance dans ce dragon qui semble porter le monde avec une poigne d'acier.







Le lendemain c'est en dehors de la ville que la visite continue. En effet, avant même que Nara ne soit une ville-capitale, la plaine alentours était peuplée de nombreux temples d'importance. Une ligne de bus nous dépose tout d'abord à Yakushi-ji (classé patrimoine de l'humanité). Erigé à cet endroit en 718, l'ensemble est constitué du bâtiment principal, de celui de lecture et de deux pagodes. De nombreux incendies ont détruit presque tous les édifices, surtout pendant la guerre civile en 1528.

C'est donc la pagode Est, seul sanctuaire d'origine épargné par les désastres, qui attire l'attention, avec ses magnifiques trois étages doubles aux lignes parfaites. Le contraste avec les autres temples aux couleurs vives, reconstruits il y a moins de 30 ans, est saisissant.

Outre quelques belles statues, le sanctuaire abrite une stèle décorée de motifs d'origines bien lointaines. Grappes de raisin d'inspiration grecque, motifs floraux d'origine musulmane, dragons chinois et guerriers indiens... Bien qu'aucune explication n'ai pu être donnée à ces dessins, c'est un fabuleux témoignage de la capacité des moines bouddhistes à voyager aussi loin, dès le 7ème siècle !






Un saut de puce en bus plus loin, Horyu-ji (premier site classé patrimoine de l'humanité au Japon, en 1993) est encore plus vieux. Fondé en 607 et reconstruit peu après en 670 après un incendie, il s'agit donc de l'ensemble de bâtiments en bois le plus ancien du monde.

Au coeur d'une grande forêt le complexe regroupe pas moins d'une vingtaine de bâtiments autour du trio sacré : une pagode à cinq niveaux, un pavillon des études et un pavillon principal. Ici aussi la végétation est magnifiquement maîtrisée, tel ce cerisier torturé et pourtant si vigoureux au coin de la grande cour carrée.

L'esthétique du lieu est touchante, telles ces étoffes soulevées par une brise légère. Dans un motif au rafinement extrême elles mêlent le gris clair, le marron et le rose.






La découverte de Nara se termine sur cette belle vue du Japon d'un autre âge. Les troncs qui constituent ces temples ont été coupés il y a près de 1400 ans. Le chiffre donne le vertige pour des constructions aussi fragiles.



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