dimanche, octobre 18, 2009

La fête de Ganesh à Paris

Fin août, chaque année, le 18ème arrondissement de Paris s'enflamme de rythmes hindous et de couleurs karmiques. La fête du dieu Ganesh prend la forme d'une grande procession qui part du Temple de Ganesh (72 rue Philippe-de-Girard) et avance dans les avenues du 18ème (Faubourg St Denis, Marx Dormoy, Ordener, Barbès...) pendant quatre heures.

Au temple on s'active pour préparer les offrandes et les nourritures sacrées. Difficile d'approcher, le lieu est étroit et il y a énormément de monde.





Ganesh est le dieu-éléphant de la sagesse, de l'intelligence, de l'éducation et de la prudence. En tête de procession défilent des musiciens, danseurs, danseuses, certaines portent sur leurs têtes des pots de terre cuite où brûle du camphre.





A intervalle régulier, des noix de coco sont brisées. La coquille symbolise l'illusion du monde, la chair le karma individuel et l'eau l'ego humain. En brisant la noix de coco, on offre son coeur à Ganesha. Ces scènes sont très impressionnantes de violence soudaine lorsqu'une dizaine d'hommes se jettent sur un tas de noix et les cassent une à une, furieusement, très vite, sur la route.






L'eau des noix, ainsi déversée sur la route, prépare le passage du char du dieu Ganesh, tiré par deux grandes cordes de vingt mètres chacune. Le char est recouvert d'étoffes rouges et blanches. La symbolique est forte : Ganesh écrase l'ego des hommes, détruit désir et attachement avec sa hache afin de supprimer agitation et chagrin.






Toute la communauté indienne de Paris est présente, en habits traditionnels. Couleurs vives et multitude de bijoux pour les adultes ; or, beige et noir pour les enfants, le spectacle est total.







Le trajet de la procession est ponctué de tables d'offrandes, les fervents sont en transe. On a du mal à croire que l'on est encore à Paris, quel dépaysement !




dimanche, octobre 11, 2009

Norvège : 5ème partie, Oslo

7ème jour, suite

Le bateau nous ramène en ville et, avant de poursuivre, nous flânons un moment dans Aker Brygge, à l'architecture flambant neuve faite de verre et d'acier. Le contraste avec l'architecture traditionnelle du centre est étonnant.






L'après-midi sera dédiée à la découverte du nord-ouest : en partant de Majorstuen, le quartier de la mode et des magasins de vêtements, on redescend doucement vers le port via des rues très belles.

Les immeubles fin XIXème ou début XXème sont tous colorés, parfaitement entretenus et témoignent d'une certaine opulence. De fait, Oslo a longtemps été une des villes les plus chères au monde, récemment détrônée par Paris en 3ème position (Tokyo et Osaka au Japon conservant les deux premières places).






Deci delà, des bars et des cafés permettent de profiter d'une belle journée en terrasse. D'autres se prélassent dans les nombreux squares et parcs. Nulle part il n'y a foule ou cohue. Il y a de la place et les habitants ont l'air de prendre le temps de vivre. Quel contraste avec Paris où tout le monde court, stressé, où le moindre endroit un peu cosy est bondé et doit se mériter en faisant la queue...

Nous faisons une pause à un de ces cafés où la carte est rédigée en français et où les boissons sont préparées sur une rutilante machine à expresso par une Barista expérimentée. Miam.





La promenade se termine au bout de la grande avenue Karl Johans Gate par un coup d'oeil sur le palais royal, de peu d'intérêt en fait. Son architecture froide et sans fioriture, l'esplanade aux dimensions inhumaines déçoit.





En soirée nous retournons dans le quartier des docks où nous avons réservé le restaurant "Lofoten Friskrestaurant". Le dîner sera très agréable : plats plutôt bons, service aux petits soins. Un bon Riesling pour accompagner le tout...

Nous échangeons quelques mots avec des français aux tables voisines. Une jeune femme est expatriée ici, mais n'y a pas encore passé d'hiver, dommage cela aurait été intéressant de savoir s'il est aussi rude qu'on l'imagine.

Quelle belle journée !

8ème jour

Dernière matinée dans la ville, le ciel est d'un bleu intense. En suivant les conseils de notre livre-guide, nous tentons de trouver le quartier médiéval, 10 minutes de marche derrière la gare. Le coin est désert et quelques ruines, à peine des soubassements, sont coincées entre une autoroute, le port de containers et les voies ferrées. Tags, seringues par terre, quelques jeunes tatoués traînent un peu plus loin, on ne se sent pas en sécurité ici. Sauve qui peut !

Le chemin du retour vers le centre passe par le nouvel Opéra, inauguré l'an dernier, un bâtiment d'exception. Dessiné par des architectes norvégiens, il abrite une grande salle de concerts et quelques auditoriums plus petits. Son aspect extérieur est de toute beauté, avec des formes qui rappellent un grand paquebot.





Le toit de l'édifice est une pente douce qui prend pied dans la mer et monte jusqu'au-dessus de la salle de concert. Entièrement en marbre blanc, parfois texturé, parfois lisse, on peut le parcourir, admirer les réflexions de la ville dans la surface vitrée de l'atrium et poursuivre jusqu'au point de vue tout en haut.

En rendant ainsi accessible à la promenade le toit de l'Opéra, les concepteurs ont réussi un beau geste : rendre, d'une certaine manière, à la population un lieu qui est traditionnellement réservé aux élites.

L'endroit est clairement à classer dans les plus belles architectures au monde et peut être est-ce même le plus beau bâtiment moderne d'Europe ?





Enfin, recoin encore inexploré du centre ville, nous flânons dans le château fort Acker Fortress, bel ensemble royal du XVIIIème. L'intérieur n'est pas ouvert le dimanche matin.






Un dernier regard sur une des places ombragées du centre, sur la baie et il est temps de quitter ce pays. Oslo fait une très forte impression ; sérénité, qualité de vie, calme, propreté, autant de qualificatifs flatteurs. Pas étonnant que cette perle du Nord soit aussi recherchée et aussi chère, les habitants peuvent profiter d'un centre ville agréable et de la mer l'été, de promenades dans une nature exceptionnelle à 20 minutes de métro toute l'année, de stations de ski à 30 minutes du centre l'hiver.

Mais ceci a un prix. Au solstice d'hiver, le 21 décembre, le soleil se couche à 15h pour un ensoleillement quotidien d'un peu moins de six heures... Ce manque de lumière est semble-t-il difficile à vivre et cause de nombreuses dépressions.

samedi, octobre 03, 2009

Norvège : 4ème partie, Oslo

7ème jour

Après un petit déjeuner copieux au buffet de l'hôtel, nous partons pour Bygdøy, la presqu'île au sud-ouest du centre ville, très résidentielle, où sont situés plusieurs musées.

Une navette maritime de la ville (accessible avec le même pass que le tramway, pratique !) traverse la baie et permet de profiter de la vue sur la mairie et le quartier neuf d'Acker Brygge, découvert la veille au soir. La vente des tickets à bord se fait avec une antique sacoche-caisse.






Nous décidons de visiter le Northfolk Museum, un vaste parc où des maisons traditionnelles de toute la Norvège ont été déplacées ou reconstituées. Les 10 minutes de marche entre le port et le musée se font au travers d'un quartier ultra résidentiel. Les maisons sont magnifiques, qui font penser à la haute bourgeoisie américaine ou au style "quaker".





Le musée permet de découvrir d'abord divers bâtiments d'anciens villages du 14 au 18ème siècle. Constructions en bois, toits végétalisés, pilotis en pierre, l'habitat écolo n'est pas vraiment une nouveauté ici. Les intérieurs sont humbles mais fonctionnels, quelques frises viennent égayer l'austérité sombre de ce passé rural. La promenade dans ce vrai-faux village à l'ombre des grands arbres est particulièrement agréable.







Point d'orgue de la visite, une incroyable église en bois de 1216 superbement sculptée dehors et peinte à l'intérieur. L'Unesco a d'ailleurs classé patrimoine de l'humanité un bâtiment similaire, moins beau mais qui a le mérite d'avoir été conservé à son emplacement historique.

Replacer la Stavkirke de Gol dans son contexte demande un peu d'imagination. Début du XIIIème siècle : le Christianisme s'empêtre dans une 4ème croisade et multiplie les cathédrales gothiques en Europe dans un souci d'asseoir son pouvoir auprès des populations.






A l'intérieur on peut admirer la structure en bois et au dessus de l'hôtel une remarquable version rustique de "La Cène". Près de 300 ans avant Léonard de Vinci, la fresque dépeint avec une grande précision le Christ au centre entouré des apôtres. Dan Brown réussirait-t-il à vous persuader que le personnage à droite du Christ est une femme, ici aussi ?





Nous avons beaucoup de chance : en ce moment le festival "Music Days in Oslo" propose de nombreux mini concerts au fil de la journée dans ce parc. Dans l'église c'est une soliste violoncelliste qui interprète magistralement un morceau contemporain. Je n'avais jamais entendu de tels sons sortir d'un violoncelle...





Dans une des grandes salles du musée, un autre concert nous attend. L'orchestre BIT20 Ensemble, une des plus importantes formations de musique contemporaine de Scandinavie (20 CDs enregistrés, invités de Radio France plusieurs fois) nous interprète une pièce sublime de Karin Rehnqvist, Where the Raven Blanches (Där Korpen Vitnar).

Inspirée par les procès de sorcières en Europe au XV et XVIème, la compositrice a voulu faire sentir la condition de la femme à cette époque. L'orchestre mêle des mélodies folk à des accents résolument contemporains afin de créer l'ambiance musicale onirique parfaite pour supporter un chant solo d'une pureté sublimement délivrée par Ukrika Boden, une grande chanteuse folk suédoise, figure de proue du groupe Ranarim.





Nous avons ainsi pu assister, de façon totalement fortuite, à une demi-heure de magie musicale. J'ai personnellement ressenti ce concert avec beaucoup d'émotion, peut être parce que ces mélodies folk ont des intonations celtes qui me ramènent à mes sources ? Ou tout simplement parce que la pièce était particulièrement bien écrite et bien interprétée...

Suite et fin dans la 5ème partie...